Fabrice Lourie, Qu'est ce qu'un FabLab?, 2011.
Nous pouvons aujourd'hui comprendre la nature de façon nouvelle. Le tout est de savoir à quelles fins. C'est l'heure du choix entre la constitution d'une société hyper-industrielle, électronique et cybernétique, ou la réunion d'un large éventail d'outils modernes et conviviaux. Un même poids d'acier peut servir à produire une scie à métaux, une machine à coudre ou un élément industriel: dans les deux premiers cas, l'efficacité de mille personnes sera multipliée par trois ou par dix; dans le dernier, une large part de leur savoir-faire perdra sa raison d'être. Il faut choisir entre distribuer à des millions de personnes, au même moment, l'image colorée d'un pitre s'agitant sur le petit écran, ou donner à chaque groupe humain le pouvoir de produire et de distribuer ses propres programmes dans les centres vidéo. Dans la première hypothèse, la technique est mise au service de la promotion du spécialiste régie par des bureaucrates. Toujours plus de planificateurs feront des études de marché, dresseront des équilibres prévisionnels et façonneront la demande de toujours plus de gens dans un nombre croissant de secteurs. Il y aura toujours plus de choses utiles fournies à des inutiles. Mais une autre possibilité s'offre. La science peut aussi s'employer à simplifier l'outillage, à rendre chacun capable de façonner son environnement immédiat, c'est-à-dire capable de se charger de sens en chargeant le monde de signes.
Ivan Illich, La Convivialité, Éditions du Seuil, 1973, p.62.
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