Alvo Van Eyck, Orphelinat à Amstelveenseweg, 1955 (via Fuck Yeah Brutalism). |
UNE FOIS SEULEMENT
C'était en des temps si obscurs
Que nulle mémoire profane n'en garde trace
Bien avant les images et les couleurs
La source du chant s'imaginait
A bouche fermée
Comme une chimère captive
Le silence était plein d'ombres rousses
Le sang de la terre coulait en abondance
Les pivoines blanches et les nouveau-nés
S'y abreuvaient sans cesse
Dans un foisonnement de naissances singulières
L'oiseau noir dans son vol premier
Effleura ma joue de si près
Que je perçus trois notes pures
Avant même qu'elles soient au monde
Une fois, une fois seulement,
Quelque chose comme l'amour
A sa plus haute tour
Qui se nomme et s'identifie
Le secret originel
Contre l'oreille absolue révélé
Dans un souffle d'eau
Candeur déchirante
Fraîcheur verte et bleue
Une fois, une fois seulement,
Ce prodige sur ma face attentive
Ceci, quoique improbable, je le jure,
Sera plus lent à revenir
Que la comète dans sa traîne de feu.
Anne Hébert, Une Fois Seulement in Le Jour n'a d'Égal que la Nuit, Éditions Boréal / Seuil, 1992, p.149.
2 commentaires:
Merci Bourbaki,
Spendide poème... nouvelle voie tracée. Je prends note, pour de futurs envols.
Dionys
Cher Dionys
Réponse tardive. Heureux d'apprendre que ce poème vous ai plu. Je constate, en passant sur Inactuelles, une fascination commune pour Alva Noto. Les deux s'accordent...
Bonne continuation,
Bourbaki
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