Céruléen: Dérivé, au XVIIIe siècle, de cérulé, lui même issu du latin caeruleus (bleu du ciel). Poétique, qui est d'une couleur azurée, bleuâtre. Il se dit surtout des flots de la mer.
Eurydice, enveloppé d'une draperie céruléenne et couronnée de blanches asphodèles, donne la main à Orphée. [Houssaye]
Conjecture: En mathématique, assertion pour laquelle on ne connaît pas encore de démonstration, mais que l'on soupçonne d'être vraie, en l'absence de contre-exemple. Afin de simplifier le travail de vérification, il est classique de formuler des variantes d'une conjecture, soit sous une forme plus faible (a priori plus facile à démontrer), soit sous une forme plus forte (plus facile à réfuter). En attendant, la conjecture peut être choisie comme hypothèse ou postulat pour étudier d'autres énoncés. Si une conjecture s'avère indécidable à partir des axiomes usuels, elle peut être choisie comme nouvel axiome (ou réfuté par un nouvel axiome).
Épigenèse: En biologie, théorie qui stipule qu'un embryon se développe en devenant de plus en plus complexe. Théorie historiquement opposée à la théorie de la préformation qui voit l'embryon comme un être vivant "miniature" où tous les organes sont déjà présents. L'épigenèse est mentionnée par Aristote, qui la préfère déjà à la préformation. Pourtant, la préformation sera la théorie dominante jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Une controverse opposera alors Wolff, Maupertuis et Buffon, partisans de l'épigenèse, à Bonnet et Spallanzani, partisans de la préformation. Aujourd'hui, toutes les observations confirment l'épigenèse.
Genius Loci: Locution latine pouvant se traduire en français par "esprit du lieu", elle fait généralement référence à l'atmosphère distinctive d'un espace. Dans la religion de la Rome Antique, un genius loci était l'esprit protecteur d'un endroit.
Pénultième: Du latin paene (presque) et ultimus (dernier). Avant dernier, qui précède immédiatement le dernier.
Zibaldone & zibaldone: Le Vocabolario degli Academici délia Crusca, dans l'édition de 1806 qu'utilisait Leopardi, recense trois acceptions: (1) le latin adversaria, glosé par l'italien brogliaccio - en français: brouillon, main courante - ; (2) un ensemble d'écritures sans ordre; (3) un recueil de mélanges (libro di varie cose). Le Dizionario Garzanti retient aujourd'hui la deuxième et la troisième de ces acceptions, auxquelles il ajoute une métaphore culinaire: plat préparé avec de nombreux ingrédients. Enfin, le Larousse bilingue Italien-Français propose deux traductions: (1) mélanges littéraires; (2) fouillis, fatras. Aucune de ces définitions ne convient tout à fait au Zibaldone bien que chacune puisse en éclairer certains aspects.
L'histoire de la rhétorique apporte quelques indications. Un zibaldone était un recueil de lieux communs, de citations, de notes de lecture et de réflexions, que l'apprenti orateur était invité à compiler en vue d'un usage futur dans diverses œuvres. À la Renaissance et au XVIIe siècle, il en existait des versions imprimées - florilèges, "leçons", Polyantheae... - qui offraient, classées sous diverses rubriques, des citations prêtes au réemploi et à la mise en œuvre dans des textes nouveaux. Bernard Beugnot a mis en lumière le rôle qu'ont joué ces répertoires dans la transmission - ajoutons dans la fossilisation - de l'héritage classique. Pour expliquer la genèse du Zibaldone, on cite souvent une lettre de l'abbé Vogel et une Dissertazione offerte au jeune Leopardi, en 1815, par l'abbé Cancellieri, qui recommandaient la constitution de tels recueils de notes. Il n'est pas exclu que Leopardi ait cru suivre leurs conseils, mais son manuscrit est devenu tout autre chose, on le comprend aussitôt qu'on se plonge dans sa masse et même rien qu'à le feuilleter. Quelles qu'aient pu être ses intentions lorsqu'il s'y est mis au cours de l'été 1817, son texte a rapidement obéi à une toute autre dynamique. Le Zibaldone n'est pas un zibaldone. Ce titre n'apparaît - peut-être avec une valeur ironique - qu'une dizaine d'années après le début de la rédaction, en tête d'un index que Leopardi établit alors pour s'orienter dans ce qu'il appelle son "smisurato manoscritto", son manuscrit démesuré.
[Extrait: Robert Melançon, Une Machine à Penser: Notes sur le Zibaldone in Contre-Jour: Cahiers Littéraires, n°12, 2007, p.117-118]
[Extrait: Robert Melançon, Une Machine à Penser: Notes sur le Zibaldone in Contre-Jour: Cahiers Littéraires, n°12, 2007, p.117-118]