Alva Noto & Ryuichi Sakamoto, UTP, 2009.
Que chaque plateau soit daté, d'une date fictive, n'est pas plus important que le fait qu'il soit illustré, ou qu'il comporte des noms propres.
Le style télégraphique a une puissance qui ne vient pas seulement de sa brièveté. Soit une proposition du type : "Jules arriver cinq heures du soir". Il n'y a aucun intérêt à écrire comme ça.
Mais c'est intéressant si l'écriture pour son compte arrive à donner ce sentiment d'imminence, de quelque chose qui va se passer ou qui vient de se passer, derrière notre dos. Les noms propres désignent des forces, des évènements, des mouvements et des mobiles, des vents, des typhons, des maladies, des lieux et des moments, bien avant de désigner des personnes. Les verbes à l'infinitif désignent des devenirs ou des évènements qui débordent les modes et les temps. Les dates ne renvoient pas à un calendrier unique homogène, mais à des espaces-temps qui doivent changer à chaque fois... Tout cela constitue des agencements d'énonciation : "Loups-garous pulluler 1730"..., etc.
Gilles Deleuze, Entretien sur Milles Plateaux in Pourparlers 1972-1990 (initialement paru dans Libération, 23 octobre 1980), Éditions de Minuit, coll. Reprise, 1990, p.51-52.
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