Ida Tursic & Wilfried Mille, 02:13'08" Le Sacrifice (After Andreï Tarkovski), 2010 (via NDLR). |
La Suisse et la Hollande, c'est-à-dire deux des États les plus policés et les mieux organisés d'Europe, chez lesquels l'ordre n'est pas seulement un produit du mécanisme politique et bureaucratique de l'État, mais une caractéristique naturelle du peuple, n'offrent pas, à l'application de la tactique insurrectionnelle communiste, des difficultés plus grandes que la Russie de Kerenski. Quelle considération peut dicter une affirmation aussi paradoxale ? Celle-ci, que le problème du coup d'État moderne est un problème d'ordre technique. L'insurrection est une machine, dit Trotsky : il faut des techniciens pour la mettre en mouvement, et seuls des techniciens peuvent l'arrêter. La mise en mouvement de cette machine ne dépend pas des conditions politiques, sociales, économiques du pays. L'insurrection ne se fait pas avec les masses, mais avec une poignée d'hommes prêts à tout, entraînés à la tactique insurrectionnelle, exercés à frapper rapidement, durement, les centres vitaux de l'organisation technique de l'État. Cette troupe d'assaut doit être formée d'équipes d'ouvriers spécialisés, mécaniciens, électriciens, télégraphistes, radio-télégraphistes, aux ordres d'ingénieurs, de techniciens connaissant le fonctionnement technique de l'État.
Curzio Malaparte, Technique du Coup d'État, Les Cahiers Rouges, Éditions Grasset, 1932 (1966), p.77-78.
Merci à M.S.
Post scriptum :
M. Jean Chiappe, à qui j'avais envoyé, en 1931, un exemplaire de ma Technique du Coup d'État avec cette dédicace : "A M. Jean Chiappe, technicien du coup d'arrêt", m'écrivit qu'autant mon livre était dangereux entre les mains des ennemis de la liberté, aussi bien de droite que de gauche, autant il était précieux entre les mains des hommes d'État, auxquels incombait la responsabilité de défendre les libertés démocratiques. "Vous apprenez aux hommes d'État, ajoutait-il, à comprendre le phénomènes révolutionnaires de notre temps, à les prévoir, à empêcher les séditieux de s'emparer du pouvoir par la violence". Peut-être les défenseurs de l'État ont-ils su profiter bien plus de la leçon des événements que de la lecture de mon ouvrage. Le seul mérite de ma Technique du Coup d'État serait-il d'avoir appris aux défenseurs de la liberté comment il faut interpréter les événements, et quelle est la leçon qu'il faut en tirer ? (p.12)
Post scriptum :
M. Jean Chiappe, à qui j'avais envoyé, en 1931, un exemplaire de ma Technique du Coup d'État avec cette dédicace : "A M. Jean Chiappe, technicien du coup d'arrêt", m'écrivit qu'autant mon livre était dangereux entre les mains des ennemis de la liberté, aussi bien de droite que de gauche, autant il était précieux entre les mains des hommes d'État, auxquels incombait la responsabilité de défendre les libertés démocratiques. "Vous apprenez aux hommes d'État, ajoutait-il, à comprendre le phénomènes révolutionnaires de notre temps, à les prévoir, à empêcher les séditieux de s'emparer du pouvoir par la violence". Peut-être les défenseurs de l'État ont-ils su profiter bien plus de la leçon des événements que de la lecture de mon ouvrage. Le seul mérite de ma Technique du Coup d'État serait-il d'avoir appris aux défenseurs de la liberté comment il faut interpréter les événements, et quelle est la leçon qu'il faut en tirer ? (p.12)
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